La vitesse en natation est la résultante de la plus simple des équations:

La vitesse est égale à la fréquence multipliée par l’amplitude

Pourtant sur quelle variable le nageur doit-il jouer ? Sa cadence de bras ? La longueur parcourue à chaque coup de bras ? Doit-on rechercher l’amplitude plutôt que la fréquence ou bien l’inverse ?
L’idéal est de trouver le bon compromis entre fréquence et amplitude. Pour tenter de vous apporter un réponse plus précise, on peut se baser sur plusieurs constatations:

Première constatation : le nageur le plus rapide est généralement celui qui a la meilleure amplitude.
C’est une règle généralement vérifiée bien qu’il existe des contre-exemples notoires (ex: Janet Evans, Grégorio Paltrinieri) qui concernent plutôt les nageurs de type body-driven ; il existe aussi des exceptions en eau libre.

Seconde constatation: le nageur qui a la meilleure amplitude a le meilleur battement. Le rôle des jambes est en effet important dans la recherche d’amplitude (surtout considérant la constatation suivante).

Troisième constatation: trop de recherche d’amplitude génère des temps morts dans la nage qui sont préjudiciables à la vitesse. C’est pour cela qu’une recherche d’amplitude sans battement efficace aboutit souvent à une nage beaucoup moins efficace qu’il n’y paraît.

Quatrième constatation: trop de fréquence détériore l’hydrodynamisme du nageur et par la même son amplitude. Plus la fréquence s’élève, plus il est difficile de rester hydrodynamique et de ne pas faire de mouvements parasites.

Cinquième constatation: contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer, il n’existe pas forcément de lien direct entre la fatigue, la fréquence et l’amplitude. Nager avec une fréquence de bras élevée ne veut pas dire forcément se fatiguer plus qu’avec une fréquence plus lente: d’abord parce que la fréquence est sans lien avec le niveau d’effort musculaire (un peu comme au vélo, ce n’est pas parce qu’on mouline des jambes qu’on se fatigue plus vite, bien au contraire) et que tourner les bras plus fréquemment induit évidemment un plus grand nombre d’expiration/inspirations d’air (le nageur s’oxygène donc mieux !).

En compétition en eau libre, on observe que la cadence de bras est largement supérieure à 60 coups de bras par minute ; au meilleur niveau, les nageurs d’eau libre adoptent une cadence autour d’environ 80 coups de bras par minute ; ils optent pour un style avec une amplitude modérée et beaucoup de fréquence. Ainsi, pour un nageur élite en eau libre avec une amplitude de 40 coups de bras au 50 mètres (soit 20 cycles), une cadence de 80 coups de bras par minute l’emmène tout de suite sur des temps légèrement supérieurs à la minute au 100m ! Et ces nageurs sont capables de tenir une telle cadence pendant de très longues durées (parfois plusieurs heures comme sur des épreuves de 10km ou plus).
Maintenant, concrètement, que faire de toutes ces constatations ?

D’abord, l’amplitude pour l’amplitude n’est pas un gage d’efficacité: il faut abandonner l’idée de chercher l’amplitude avant tout (sauf bien sûr dans le cas d’éducatifs spécifiques) ! Chercher à glisser en augmentant la durée de la phase entre le moment de l’extension de la main avant et le « catch » ralentit le nageur et l’oblige à se relancer. Il induit un phénomène de décélération qui est à éviter et que seul à la rigueur un battement de jambes très efficace peut compenser (avec le surplus d’effort que cela demande évidemment). Créer des temps morts dans sa nage peut aboutir à une nage « plaisir » mais au total limitante car si l’on désire accélérer, on va avoir tendance à rentrer dans un « mur ». Plus de décélération et donc plus d’accélération seront nécessaires ce qui aboutira vite à un plafond. Les très bons nageurs qui nagent en FQS limitent beaucoup la phase de « glisse » et la soutiennent toujours grâce à un battement de pied particulièrement efficace.

La fréquence pour la fréquence n’est pas non plus une bonne solution car il faut bien tirer parti de l’amplitude de nage mais raisonnablement.

En conclusion,

– il faut plutôt chercher à garder une fréquence décente et à ne pas ralentir trop au-delà de la fréquence de 1 coup de bras par seconde. Cela permet de garder un bon rythme dans sa nage et éviter les temps morts ;
– une fois que le bras est tendu et l’épaule avancée, il faut s’appliquer à entamer le catch si on veut garder une nage efficace;
– pour ceux qui ont un battement inefficace (ou qui veulent simplement reposer leurs jambes), opter pour un travail en fréquence sera sans doute plus payant : à tester bien sûr.
En eau libre, il ne faut pas hésiter à chercher à augmenter sa cadence ; pour les triathlètes, le port de la combinaison rend souvent plus facile de se concentrer sur les bras, la combinaison permettant de moins se soucier du battement de jambes et la position dans l’eau.

Au besoin, on peut s’aider d’un outil comme le Tempo Trainer (Finis) pour travailler spécifiquement sa fréquence.